Émotion pour le 1er ciné-concert à La Coupole

Toute la passion de Jacques Cambra au service d'une oeuvre...

Sous le dôme froid du bunker de la Coupole, le site historique de la 2nde guerre mondiale dans l'Audomarois, les premiers notes de piano de Jacques Cambra ont accompagné dès le générique les images scintillantes de "Maudite soit la guerre", le chef d'oeuvre d'Alfred Machin. Presque 100 ans jour pour jour après l'ordre de mobilisation générale qui allait précipité l'Europe dans l'effroi, les images de ce moyen métrage montrant les affres de la guerre à travers deux pays imaginaires ont interpellé les visiteurs qui ont fait le déplacement pour cette soirée pointue et de grande qualité. Philippe Tavernier, responsable du cinéma pour la DRAC de Lille, était également présent. 
Dans l'improvisation totale, faisant presque corps avec le film, les doigts de Cambra impriment le rythme des images. Plaidoyer pour une Europe en paix, l'oeuvre visionnaire du blendecquois Alfred Machin a été projeté pour la première fois quelques semaines avant les premiers coups de canon de ce qui allait devenir la Grande guerre. Production belge pour la firme Pathé, le film a des intertitres en flamand, traduites bien sur en français. Le film montre bien les ravages de la guerre moderne à travers l'utilisation de l'aviation. Il montre également à travers des vues poignantes, les vies brisées par les drames et les bêtises militaires. Dès l'annonce de la mobilisation en août 1914, il a rapidement disparu des projecteurs... Rarement montrée, c'est une oeuvre entièrement restaurée qui a été projetée ce soir. Jacques Cambra a également annoncé que ce film sera aussi à l'affiche du prochain festival de cinéma d'Arras, mais cette fois avec un orchestre symphonique composé de musiciens de différentes nationalités.

Voici 2 minutes du début du film... (désolé pour la qualité, j'ai fait ce que j'ai pu...)


Avant la diffusion de ce film, la Coupole a présenté 3 bandes issues des Archives cinématographiques de l'armée. Il s agit de trois vues montrant la préparation d'une escadrille, des vues d'Arras et des vestiges des monuments "causés par la barbarie allemande" et une scène de fantassins maniant la mitrailleuse. Ces vues ont été projetées brut, sans artifice, aucun accompagnement sonores ni commentaires. Un silence total. Portant, elles auraient mérité un petit résumé explicatif sur le contexte, le cadrage, les choix des vues, ce qu'on doit montrer, ce qu on peut montrer et ce qu on ne montre pas. Machin est, avec d'autres le créateur du Service Cinématographique des Armées qui, elle-même subit mais aussi effectue, une censure importante pour que l'arrière tienne. On aurait pu signaler sur le sujet montrant les ruines d'Arras qu'il s'agit d'images de propagande cherchant à faire basculer l'opinion publique dans la guerre totale : "voyez ce que font les boches concernant nos monuments !" Ceci expliquant qu'il faut tenir car le sol est foulé ! On insiste pas assez également sur les choix des vues, sur l'absence des civils lors du tournage... L'autre vue est encore plus significative puisqu'on montre un bataillon s'exerçant au maniement de la mitrailleuse. Rien n'est dit sur la contextualisation de cette vue "d'actualité, visée par l'armée française" de l'époque. On montre des exercices de mitrailleuse, des fantassins couchés, mimant la prise d'une arme allemande. On est pourtant dans la re-création de l’événement pur puisqu'il serait impossible à l'opérateur de l'époque de filmer ces scènes directement sur la zone de combats. Malheureusement, cela n'a pas été assez assez souligné lors de la présentation de ces trois vues.
Reste de le souvenir du film d'Alfred Machin...

Une des vues d'actualité projetées à la Coupole

Fiche consacrée  Machin et à son oeuvre "Maudite soit la guerre" sur le site des Archives du Pas-de-Calais : http://www.archivespasdecalais.fr/Anniversaires/29-mai-1914-sortie-a-Paris-du-film-Maudite-soit-la-Guerre-d-Alfred-Machin

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