GERMINAL, LE MATCH : Film VS Série

Au lendemain de la diffusion du premier tiers de la série événement de France 2, on peut dresser un premier bilan avec une comparaison sur quelques points face à la précédente adaptation signée Berri d'il y a 30 ans. Film et série ont leurs avantages de leurs inconvénients, leurs points forts comme faibles ...

1 - La séquence d'ouverture
L'adaptation cinématographique d'une œuvre littéraire a ses impératifs que les scénaristes/dialoguistes respectent ou non. Au cinéma comme dans une série, le premier quart d'heure est primordiale : on s'accroche ou non à l'histoire et aux personnages ou sinon, on perd le spectateur. Là où Berri choisit de respecter à la lettre les 1eres pages de Zola (Lantier qui découvre la nuit comme le lecteur ce qu'est un puits de mine décrit par Bonnemort), Julien Lilti, créateur-réalisateur de la série, choisit de marquer / scotcher le téléspectateur par une séquence d'ouverture avec un coup de grisou (qui, soit dit en passant, devrait fermer le puits pendant de longs mois avec une telle explosion). Il s'ensuit un montage un peu déconcertant avec différents protagonistes risquant de perdre le téléspectateur si celui-ci n'est pas au fait de tous les personnages. On croise pèle mêle la Maheude, Hennebeau, des personnages secondaires gravitant autour d'eux mais point de Lantier. Il va falloir attendre près de 10 minutes avant que ce dernier ne débarque chez le cabaretier Rasseneur, dans un monde qu'il ne comprend pas (il vient de Lille...). En 30 ans, on voit l'évolution des séquences d'ouverture : l'académisme filmique chez Berri posant ses personnages (au risque peut-être d'être trop littéraire, trop lisse, trop didactique) face à l'explosion et à la séquence d'action et au montage serré rapide de Lilti. Dans ces 2 cas, on abouti à un match nul puisqu'ils sont révélateurs de deux façon de faire de leur époque...

2 - Le politiquement correct
Ça fume, ça boit, ça chique, ça crache, ça injurie dans Germinal.... Là où le film ne cache pas ces vices du monde ouvrier, la série édulcore ces passages propres à la mine.... Version Berri, Lantier - Renaud annonce à demi-mot qu'il ne supporte pas l'alcool et que ça peut le rendre incontrôlable. A l'inverse, Lantier-Louis Pères clame à tue tête au cabaret qu'il ne boit pas d'alcool provoquant un silence de mort de quelques minutes dans un estaminet quasi plein. Puis, le personnage explique les effets de l'alcool sur sa personnalité et les conséquences lilloises.... Ça n'empêche pas ensuite de s'adonner à la bière qu'il accepte volontiers. Mais là aussi, les pintes apparaissent peu, certainement pour être dans un politiquement correct propre à notre époque, d'autant plus que la série se destine à être le fer de lance de la production audiovisuelle à l'international et, pour éviter de s'attirer les foudres de censeurs étrangers, on a masqué la bière et autres alcools même si le genièvre (que peu de monde connaît en dehors des limites de la région) fait une belle apparition lorsque Catherine Maheu boit. Le cabaret de Rasseneur est là aussi édulcoré. Alors qu'avec Berri on avait une petite échoppe, quelques tables défraîchies, on a dans la version télé un beau et grand établissement se rapprochant des pubs anglais. Là aussi, pas de beuveries, des mineurs qui boivent mais on n'insiste pas. Ne cherchez pas non plus (pour l'instant) de crachats, de tabac, d'injures, de grossièreté,.... c'est nada (pour l'instant) sur nos petits écrans.

Le film : 2 (proche de l'esprit original) - la série : 1 (mais ça se comprend)

A suivre.....



Commentaires

  1. Bonne analyse. Pour ma part, plus déçu par la série que par le film!

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  2. Par nature, les gens n'honorent et n'aiment pas tant la justice que la recherche du profit. Est-ce que ça se dit aussi dans les https://fullfilmstream.co/musical/ films ?

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