Réouverture de l'Arc en Ciel de Liévin...

Désolé de ne pas y avoir consacré un article le moment voulu...
Début mars en effet, la salle de centre-ville de Liévin, l'Arc en Ciel a réouvert !
8 ans après sa fermeture, la salle a de nouveau fait tourner le projecteur ! A l'époque, il n'avait pas résisté à l'influence du mastodonte Pathé à quelques centaines de mètres de là, niché dans la zone commerciale. L'Arc en Ciel sur la place de Liévin avait vu sa fréquentation chuter, dévisser, poussant l'établissement soutenu par la municipalité a mettre la clé sous la porte...
Un exemple pour Hénin-Beaumont, qui ne sait que faire de sa salle de centre-ville. Un autre cinéma de centre-ville est possible...

Voici l'article de La Voix du Nord, édition Lens du 06 mars 2016 et signé par Edouard Wayolle :

Pas de Leonardo Di Caprio ce dimanche à Liévin. Le « Revenant », c’était l’Arc-en-Ciel dans sa configuration cinéma, 2 805 jours après l’arrêt des machines en 2008. Au terme d’un long feuilleton à rebondissements, la municipalité a rouvert une salle copieusement garnie pour la première séance de cette deuxième vie.
- « On va au ciné à Liévin ? »- « Oui mais lequel ? »
Ce dialogue était rendu impossible depuis juillet 2008. La décision de la municipalité de fermer les trois salles du ciné classé art et essai de la place Gambetta avait laissé le champ libre au multiplexe de la zone commerciale et un grand vide chez les habitués. Amputé de son volet cinématographique, l’Arc-en-Ciel a continué de vivre avec ses autres atouts culturels, sans jamais fermer la porte à un retour du 7e art. Huit ans après, les délais n’ont peut-être pas été tenus mais la promesse faite à l’époque par Jean-Pierre Kucheida est en partie honorée avec l’ouverture d’une salle qui diffusera un film différent chaque dimanche après-midi.

Ambiance familiale
L’attente a été longue mais pas besoin d’être majeur pour se souvenir de sa dernière séance place Gambetta. « C’était Bob l’éponge avec l’école, j’étais en maternelle », s’exclame du haut de ses treize ans Nawfel, qui s’est empressé de prendre place au premier rang. Dans les confortables fauteuils rouges de la salle, des familles entières, des couples, des étudiants, des retraités... Des curieux mais aussi comme Jean-Marc, des « nostalgiques de l’ambiance familiale propre à Arc-en-Ciel ». « C’est intimiste. On peut venir à pied, puis prendre un verre après. Ça manquait au centre-ville », enchaînent Elisabeth et Joël, déjà conquis. « C’est un lieu propice aux rencontres où à la fin du film, on ne vous fait pas sortir par une issue de secours », glisse à son tour un Liévinois qui s‘était mobilisé en 2008 contre la fermeture brutale. « C’est un bon début cette réouverture », concède cet amoureux du 7e art qui ne désespère pas de voir la structure municipale retrouver une partie de son âme d’antan.

Gratuité pour tous

A l’affiche des premières intentions, on trouve en effet la volonté de mettre en avant des films populaires, loin des choix audacieux de l’ère précédente. Avec cette règle d’or : la gratuité des séances. « On pensait au début faire l’entrée à 1 € et le pop corn gratuit, on a finalement fait l’inverse », raconte l’adjointe, Françoise Hautecoeur. Hier, 215 spectateurs ont découvert la comédie tournée en 2014 Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? . Il pourrait être aussi nombreux le week-end prochain avec la diffusion du film à succès La Famille Bélier.
Infos pratiques : une seule salle est ouverte, la fréquence de projection ne sera qu’hebdomadaire (dimanche 16 heures) mais le tarif est imbattable : gratis pour tout le monde et un euro le sachet de pop corn. Au menu de mars à juin, neuf films tous publics récents (le plus ancien date de 2011), dont La Famille Bélier, Astérix et le domaine des dieux, le Dernier Loup ou encore The Grand Budapest Hôtel.

Laurent Duporge: «Nous ne sommes qu’au début de la renaissance»

La réouverture du cinéma n’a pas été un long fleuve tranquille et sauver le soldat Arc-en-Ciel avait rapidement pris la tournure d’une histoire sans fin. Avant de couper le ruban, Laurent Duporge n’a pas éludé les atermoiements, notamment l’échec du partenariat ambitieux avec le Studio national des arts contemporains Le Fresnoy de Tourcoing, seule antenne en province de la Cinémathèque française. Le dossier est clos mais pas enterré pour l’élu socialiste. Il a d’ailleurs profité de la présence hier à ses côtés de François Decoster (LR) pour inciter le nouveau vice-président du conseil régional en charge de la culture à s’y intéresser. « Nous souhaitions devenir une base arrière du Fresnoy. C’est un dossier que vous pouvez reprendre pour notre bassin minier qui a besoin de culture et d’excellence. »
Au-delà des revendications et des flashbacks, la municipalité a affiché ses ambitions. Les premières, avec ces projections dominicales gratuites, « réunir les familles en leur offrant un film tout public mais également apporter du flux et donner de la vie à la place Gambetta », présente Françoise Hautecoeur, adjointe à la culture. Ce jalon posé, d’autres pourraient se greffer, assure Laurent Duporge. « Nous ne sommes qu’au début de la renaissance. Il y a un gros travail à accomplir avec les associations et l’Éducation nationale, notamment en matière de pédagogie et d’éducation à l’image. » Autrement dit, l’ancienne salle classée arts et essai pourrait à terme s’adresser aussi à d’autres publics, des scolaires aux initiés, « en complément du multiplexe ». « Maintenant qu’on a le matériel, tout est ouvert, insiste Frédéric Talaga, directeur du pôle animation et développement territorial de la ville. Si un ciné-club veut venir projeter, on l’accompagnera et le formera au matériel. L’habitant est placé au cœur du projet mais il faudra créer les modalités de fonctionnement. » Une manière de dire que toutes les bonnes volontés sont les bienvenues mais que celles-ci devront se donner les moyens financiers et humains de leurs ambitions. E. W.

En cabine, cap sur le numérique

Ancien projectionniste désormais directeur technique de la structure municipale, Joël Deshaies sourit : « Il faut maintenant davantage être calé en informatique pour projeter un film. » Fini de manipuler les bobines 35 millimètres, aux oubliettes les griffes sur les films qui « faisaient aussi le charme du cinéma », c’est sur un clavier que le métier s’opère. Une évolution qui permet à Arc-en-Ciel d’offrir des conditions de visionnage proches de celles des mastodontes cinématographiques, assure le spécialiste de la place Gambetta.
Avec l’abandon progressif de la distribution des films 35 mm, Arc-en-Ciel devait de toute manière se mettre à la page. C’était l’un des écueils soulevés par la mairie au moment de fermer la structure. « Nos villes minières ont des moyens très limités et nous avons dû faire des choix. Nous n’avons pas pu prendre le virage du numérique », indiquait au micro Laurent Duporge.
Le tir est aujourd’hui rectifié, bien qu’il ait fallu attendre plus longtemps que prévu pour voir fonctionner le matériel. Des fuites dans les salles et en cabine ont nécessité des travaux qui ont rendu impossible le respect des nouveaux délais fixés en 2015.
En tout, la ville a investi près de 100 000 euros pour rouvrir sa salle de cinéma, dont les deux tiers pour le matériel. Le Centre national du cinéma et le conseil régional ont mis la main à la poche, allégeant de moitié la facture pour la ville. Quant au Département, il a soutenu le projet en participant aux frais de fonctionnement. E. W.



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