"En mai, fais ce qu'il te plait" de Christian Carion : western dans le Nord !



Emotion, rire et sourire, joie et pleurs.
On passe par toutes les émotions pendant près de deux heures en regardant le dernier film de Christian Carion : "En mai fais ce qu'il te plait". Celui ci sera sur tous les écrans début novembre, mais il a bénéficié d'une série d'avant-premières dans la région. C'est en effet dans le Nord-Pas-de-Calais, entre Arras et Bapaume, dans le sud de l'Artois que le réalisateur, originaire de Cambrai, a posé ses caméras. Le film fait la part belle à la région, les figurants, les paysages,... Il est soutenu par Pictanovo et par le Conseil Régional. C'est parce que notre région a été particulièrement touchée par l'invasion allemande et par ce phénomène de l'Exode que Christian Carion, soutenu par son producteur Christophe Rossignon, a souhaité filmé ici...


Photo de tournage sur nos routes...
C'est un film qu'il faut voir, un grand film de guerre où l'humain est omni-présent :  les rapports entre les gens, entre civils et militaires, entre enfants et adultes, entre les élus et les citoyens, entre homme et femme, entre les différentes nationalités au cœur de ce conflit,... L'Humain est partout et il subit les affres de la guerre de mouvement.
Carion n'est pas à son premier coup d'essai / coup de maître. On lui doit notamment "L'Hirondelle a fait le printemps", son premier film en 2001 et premier carton en salles, puis second carton en 2005 avec un chef d'oeuvre : "Joyeux Noël". Coup de mou en 2009 avec le poussif et verbeux "L'Affaire Farewell", mais pour mieux rebondir cette année avec "En mai fais ce qu'il te plait" qu'il contrôle de bout en bout, puisant dans les souvenirs de sa famille. Inconsciemment, Carion fait le lien entre ce nouveau film et son "Joyeux Noël" : des gros plans sur les visages des combattants, reprenant ainsi la technique de Spielberg dans "Le Soldat Rayan". Comme dans ce dernier, des images tremblent : on suit les combattants en vue subjective et on tremble avec eux à chaque mouvement de caméra, à chaque explosion : "on a fait un gros travail sur le son", raconte Carion. Comme dans "Joyeux Noël", les allemands parlent enfin allemand, les anglais parlent enfin anglais et on se rend compte ainsi des barrières de la langue... de la non-compréhension entre nos peuples devenus frères maintenant ! Comme dans "Joyeux Noël", Carion fait fi des frontières et montre que l'Homme, qu'il soit allemand, anglais, écossais ou français, est avant tout un frère pour son compagnon, mais il peut être aussi un loup pour lui-même pour reprendre la célèbre formule. Dès les premières minutes du film, la Première Guerre Mondiale reste sous-jacente, rappel constant qu'il n'y a que 20 ans d'écart entre la fin de la Première et le début de la Seconde : une vue panoramique sur un cimetière britannique, des villageois qui rappellent leurs blessures de guerre,... Le talent de Carion est de mêler anglais, allemand anti-nazi s'enfuyant devant la Werhmacht, et surtout français sur les routes et montrer ainsi comment cette période de mai 1940 a été vécu, un capharnaüm sur les routes, une absence totale d'informations et de nouvelles.


Photo du tournage sur la place des Héros d'Arras. Plongée vertigineuse lors de ces terribles journées de mai 1940. L'attaque du beffroi et de Arras vous glacera et ces images n'ont rien à envier aux grosses productions outre-atlantique.
L'attaque sur Arras et la Grand Place !
On ne peut que saluer aussi les vues splendides du paysage artésien. Les coteaux, les champs, les petites routes de campagnes au sud d'Arras, près de Bapaume, dans les environs de Bucquoy et de Doullens ou de Saint-Pol sur-Ternoise...Un film Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la fusion avant l'heure... Tout cela est admirablement filmé et montré dans toutes les variétés de couleurs que peut proposer un beau printemps sous un chaud soleil. Et oui, dans le Nord, il peut faire beau et Carion propose ainsi une vision parfaite de ce mois de mai 1940 puisqu'il a fait très beau et chaud cette année là ! La région est sublimée dans le film, les gens y sont exemplaires : aucune exagération au niveau de l'accent avec mention spéciale au nordiste Jacques Bonnaffé, admirable de retenu dans le rôle d'un paysan bourru à la pointe d'accent non exagéré ! Olivier Gourmet restitue parfaitement ce que peut être les tourments d'un maire républicain sincère et dévoué, essayant de sauver sa communauté. Mathilde Seigner joue enfin sans exagération et Laurent Gerra se révèle être très bon acteur en interprétant un puisatier... à la cave bien fourni ! N'oublions pas les autres acteurs : August Dielh, le papa anti-nazi lancé sur les routes à la recherche de son petit garçon : Joschio Marlon, l'anglais Matthew Rhys qui apporte la pointe d'humour scottish... Maîtrise du cadrage, sens de la mise en scène et du mouvement, rien n'est à jeter ! On retiendra notamment les scènes de guerre, les attaques de stukas sur la colonne de réfugiés, le bombardement d'Arras (et oui, Carion l'a fait, y a pas que les américains qui savent faire cela et vous tremblerez en voyant le beffroi subit les assauts de la Luftwaffe, sans oublier non plus les souterrains arrageois !), votre poil se dressera devant les colonnes de panzers dépassant les charrettes, vieilles voitures et vélos de ces français de l'exode. Enfin, vous aurez certainement une pensée pour l'autre film phare de cette période, "Jeux Interdits" puisque Carion - inconsciemment d'après lui - y glisse un personnage de fillette ressemblant trait pour trait à Brigitte Fossey - Paulette. On est donc placéau coeur des routes et des chemins de l'Exode et on ne sait pas ce qu'on trouvera de l'autre côté du virage. "J'ai ,fais un véritable western dans le Nord", raconte le réalisateur. Pour parachever l'ensemble, véritable coup de génie et d'audace, il a réussi à accrocher Ennio Morricone à la bande originale. Le maestro italien a composé une bande son se rapprochant des envolées lyriques de "Il était une fois en Amérique".
Lorsque les dernières minutes du film défilent devant nos yeux, on ne peut qu'espérer voir un jour la suite : que deviennent les personnages principaux pendant l'occupation, certains réussissent-ils à s'enfuir et à gagner la Manche pour rejoindre l'Angleterre ?
Cochez la date de sortie du 04 novembre 2015et faites un triomphe à ce film, vous ne le regretterez pas ! 

Le petit Joschio Marlon, petit acteur allemand à la performance étonnante dans le film
 et son institutrice de cinéma Alice Isaaz






La bande annonce : 


La Voix du Nord accompagne ce film et vous trouverez sur le site internet du quotidien, de nombreux articles racontant l'épopée du tournage :

Le Courrier Picard a relaté également le tournage :
http://www.courrier-picard.fr/region/laurent-gerra-planque-dans-une-cave-du-santerre-ia0b0n405252

Dans l'Observateur de l'arrageois :
http://www.lobservateur.fr/arrageois/arras/2014/08/20/secrets-de-tournage-du-film-en-mai-fais-ce-quil-te-plait-arras/



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