Du cinéma dans une clinique ?? Si, si, c'est possible...

L'ami Bernard Warin nous propose une très belle carte postale ancienne dénichée sur le site de vente Delcampe. Il s'agit d'une vue du début des années 20 : l'intérieur d'une salle de cinéma avec des spectateurs... Extrêmement rare !! Ce qui est encore plus rare, c'est le lieu : la clinique d'Esquermes à Lille. La légende de la carte est la suivante : "au parloir, en attendant le cinéma". 
Enigme... ? Y avait-il donc une salle de cinéma lorsque patients et/ou visiteurs venaient dans cette clinique ? Quels films passait-on ? Qui gérait cette salle ? Un exploitant indépendant ? La clinique elle-même ?  

L'ami Jean-Marie Prévost nous apporte quelques précisions concernant les liens entre l'hôpital et le cinéma. Un grand merci à lui pour ces connaissances : 
Dans les années 1950-1960, les films étaient au format 16mm, ce qui était plus facile pour le transport avec un poids 10 kg alors que pour une pellicule en 35 mm, on frôle les 30 kg pour l'ensemble du matériel. Les films diffusés dans les hôpitaux étaient loués au forfait, avec une somme convenue à l'avance, et en général, il ne passait qu'une seule fois.
Plusieurs cas sont possibles : 
L’hôpital avait un service spécialisé et louait le ou les films aux maisons de distribution de films en 16mm.
L’hôpital n'avait pas de service mais il avait le matériel qu'il mettait à disposition à un circuit de tournées de films 16mm
-L’hôpital n'avait pas de matériel ni service mais avait une salle à disposition. C'est le circuit qui venait avec le matériel nécessaire. Un exemple de maison bien connue sur les films 16mm : la société Ciné Nord, rue Charles Saint-Venant à Lille, avec pour directeur Mr Muguet.
En général, les films avaient 6 ou 7 mois de retard par rapport à la date de sortie en salle. Dans les années 1970, le catalogue de film 16mm se raréfiant, certains hôpitaux sont passés au format 35mm. Un exemple : l'hôpital psychiatrique de Bailleul possédait une cabine double poste 35mm (son responsable est Mr J. Cordonnier) et il passait un film par semaine. Autre exemple : l'hôpital pour enfants de Camiers a une cabine mono poste en 35mm ( responsable : Mr Thomas) et passait un film par semaine
Lors de la séance, les infirmiers accompagnaient les patients vers la salle de cinéma. Des places étaient réservées pour les patients sur des brancards ou des lits
Dans les années 70, quelques maisons de retraite se sont équipées d'écran et de matériel 16 pour assurer le passage de film (un exemple d'une maison de retraite, celle du parc Barbieu à Roubaix)

Actuellement, la présence du cinéma dans les hôpitaux continue avec l'association "Les Toiles Enchantées" qui se déplace partout en province avec du matériel vidéo au format  cinéma et aussi la 3D : http://www.lestoilesenchantees.com/




Beaucoup d'interrogations concernant le cliché de cette carte. Si vous avez d'autres explications, je suis preneur. Si vous avez déjà connu cette clinique et vu de vos propres yeux ce système, je suis preneur, si on vous a déjà raconté cette anecdote, je suis preneur... 

Voila en tout cas ce que nous raconte le blog 
http://www.vauban-esquermes.fr/ concernant la clinique d'esquermes : 

La Clinique

1906: Le magnifique bâtiment, entouré de vastes jardins, est mis à prix 600.000 francs. C'est le Préfet qui l'achète pour en faire la Clinique Départementale d'Esquermes (Cures de repos, régimes, traitement de la neurasthénie, électrothérapie, hydrothérapie..). Les patients aisés résident dans des suites confortables, les autres sont en dortoirs.En annexe, existe le Dépôt des enfants abandonnés et assistés qui mènent une vie dure. Ils deviendront garçons de ferme ou servantes. Les déficients mentaux, handicapés, les sans famille, les enfants sont hébergés ensemble, dans des locaux surpeuplés.
1945:Après la guerre, les bâtiments sont en triste état. Il faut reconstruire.Les malades mentaux sont dirigés vers Bailleul ou Armentières. Le 93 rue d'Esquermes devenu «Foyer des pupilles de l'état» accueille les enfants secourus, placés sous tutelle, trouvés, abandonnés, mineurs en difficulté. L'effectif devient exponentiel (773 lits en 1968).
Appellation nouvelle en 1958, « Maison de l'Enfance» et création en 1995 de «la Maison de la Petite Enfance» dans les pavillons le long du Bd de Metz. Décentralisation et Humanisation en 1980 et un nouveau phénoméne, l'accueil de jeunes étrangers en situation irrégulière.
L'Etablissement s'appelle maintenant E.P.D.S.A.E (Etablissement Public Départemental de Soins, d'Adaptation et d'Education)L'Ecole des Bateliers et Forains est construite en 1959, reconstruite en 1980 pour la scolarisation des enfants non sédentaires.

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