Reportage photo sur les cinémas de Isbergues
Rio, Lux,
Modern, Ritz,... Isbergues a connu de très nombreuses salles de cinéma depuis
l'invention des frères Lumière en 1895. Même si plus aucune salle n'est
aujourd'hui en activité dans la commune, les anciens se souviennent de ces
temples du 7ème Art dont il ne reste aujourd'hui que les façades et les
souvenirs qui s'effacent peu à peu. Aucune salle n'a été détruite et rasée.
Elles sont encore toutes là, modifiées, changées, transformées... Ce sont donc
5 cinémas qui ont enchanté les isberguois, molinghemois et berguettois depuis
plus de cent ans ! Cité industrielle, nœud ferroviaire, centre commercial avec
une vaste campagne environnante permettant de drainer des spectateurs
potentiels, nos trois communes aujourd'hui liées ont vu se construire 5 salles,
ce qui est beaucoup par rapport aux seuls 3 cinémas de Aire-sur-la-Lys ! Du
vaste temple à la salle de quartier en passant par le ciné du curé, il y en a
eu pour tous les goûts et toutes étaient des salles uniques, contrairement à la
vogue des multiplexes qui a débuté dans les années 70 afin de trouver une
réponse à la crise du cinéma. C'est certainement parce que ces cinémas étaient
trop petits pour être fractionnées en de multiples salles qu'ils ont fermé les
uns après les autres, notamment lorsque leurs exploitants étaient atteints par
la limite d'âge et qu'il n'y avait aucun repreneur. Passons en revue l'ensemble
de ces lieux...
La grande
salle de la ville est le cinéma Lemahieu, alias le Ciné Théâtre, situé rue
Arthur Lamendin. Pour les plus jeunes, c'est l'actuelle salle des fêtes, mais
les anciens se souviennent certainement des séances de cinéma. Avec plus de 700
places et une façade imposante et majestueuse, le lieu était un véritable
temple dédié aux plaisirs des images animées. Il semble que deux générations de
la famille Lemahieu ont tenu ce lieu construit entre 1933 et 1923. On imagine
la foule se presser devant les entrées, le regard porté vers les affiches
situées de chaque côté. L'ensemble symétrique avec ses arrondis et ses arcs
d'inspiration romanes font un penser à une église dédié au culte des images
animées. Une rosace-vitrail existait même sur le haut du fronton, ainsi qu'une
avancée qui devait certainement faire office de cabine de projection, au-dessus
des portes d'accès. Aujourd'hui, ce grand et vaste bâtiment à la large façade
est devenu, comme dans de nombreuses villes moyennes, la salle des fêtes lors
de la fermeture du cinéma. Il a même accueilli à une époque le centre
médico-social.
Voici quelques images de ce cinéma : la façade, des vues de côté...
A
quelques centaines de mètres de cette salle, sur le même trottoir, nous
trouvons le cinéma du curé, dénommé le Lux, juste en face de la petite chapelle
de Sainte-Isbergue. Celui-ci répond à une autre logique : divertir les familles
à la fois dans un souci de propagande religieuse et de contrôle des films
projetés. On n'hésitait pas alors à censurer certains films et comme tous les
cinémas paroissiaux, le Lux était affilié à l'O.T.C.F. (Office Technique du
Cinéma Familial) qui donnait notamment une côte morale aux films, ou qui
faisait directement des coupes aux ciseaux dans les bobines. Aujourd'hui, c'est
devenu une grande salle pour faire des repas, pour des mariages,... Le lieu a
peu changé, à part l'entrée emmurée. Seule l'inscription est peut-être encore
d'origine.
Quelques photos :
Pas très
loin de l'usine métallurgique, le Ritz était une pièce maitresse du
divertissement dans l'ancienne rue Salengro, jadis très commerçante et
populaire dans le quartier du Pont à Balques. Avec une façade abandonnée comme
quasiment tous les commerces de cette rue, seule la salle visible par une
petite impasse qui devait permettre la sortie des spectateurs semble avoir
résisté au temps pour devenir une charmante petite habitation.
Avec un
patronyme fleurant bon le cinéma de quartier et l'ambiance « Dernière
Séance », le Rio est situé rue Schuman, face aux voies ferrées. A
proximité du passage à niveaux et du café P.M.U. le Vincennes, il appartenait à
Mr Delplace. Vaste bâtiment de couleur sable, il abrite aujourd'hui des
appartements mais l'immense porche d'entrée est encore bien visible avec son
auvent.
Des photos...
Enfin,
dernier cinéma emblématique de la commune, situé juste en face de la mairie
annexe de Molinghem, à l'intersection de la rue du Docteur Bailliet et de la
rue du 08 mai, nous trouvons le bâtiment de l'ancien cinéma Modern, tenu de longues
années par Mr et Mme Mazo. A cet endroit se trouvait auparavant une scierie,
tenue par Mr Maréchal. Mais dans les années 30, la vogue du cinéma s'empare du
lieu qui devient alors le Modern d'une capacité de 400 places. Pendant la
seconde guerre mondiale, l'activité cinéma se maintient tant bien que mal. Un
soir, les forces allemandes se sont postées à la sortie de ce lieu pour emmener
de force tous les hommes en âge de travailler vers l'Allemagne pour y effectuer
le STO, le Service du Travail Obligatoire. A sa fermeture, le cinéma a été
transformé en magasin de jouets, tenu par Mme Huyghe. Il y avait également un
garage tenu par André Huyghe. Puis, l'arrière du bâtiment, une pizzéria s'est
installée.
Des photos...
Aujourd'hui,
le plaisir du cinéma s'en est allé et les isberguois doivent faire des
kilomètres s'ils veulent se faire une toile.
Un grand merci à Jérome
Engrand et à Fred Rick.
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