Souvenirs du tournage de " La Vie est un long fleuve tranquille "


Ce 14 juillet, La Voix du Nord, édition Lille, a publié un article signé par Carine Bausière racontant des souvenirs de tournage du film "La Vie est un long fleuve tranquille". De plus, cet article était accompagné d'une interview de Momo-Benoit Magimel sur ses souvenirs de tournage. Les voici l'un après l'autre... : 

C’est l’une des expressions cultes de ce film sorti en février 1988 sur les écrans. Les raviolis étaient servis tous les lundis aux enfants de la famille Le Quesnoy, rassemblés dans une grande demeure bourgeoise de la rue Jean-Jaurès, à Villeneuve-d’Ascq. Le tournage y a duré plusieurs semaines, à l’été 1987, sous l’œil exigeant du réalisateur Étienne Chatiliez. Depuis, la maison a retrouvé son calme. Sa vie est redevenue un long fleuve tranquille. Mais dans la commune, ils sont plusieurs à se souvenir de cette expérience.

À 82 ans, Jacques Leroy a gardé la mémoire intacte et la prestance de ces héritiers de grandes familles métropolitaines, courtois mais rarement expansifs. Le faire parler du tournage de La vie est un long fleuve tranquille, c’est l’inviter à rouvrir une page de l’histoire familiale qu’il avait tournée il y a bien longtemps. Sans émotion particulière. D’ailleurs, au départ, se souvient-il, la famille était contre ce tournage. « Nous avons été sollicités par la production, qui avait repéré notre maison de famille. Elle avait appartenu à mes grands-parents, puis à mes parents. À cette époque, elle était inhabitée. Nous en avons discuté avec mes sœurs, nous n’étions pas vraiment favorables à ce tournage. Mais le réalisateur, Étienne Chatiliez, a beaucoup insisté. C’était LA maison qui correspondait à ce qu’il cherchait. »
Passionné de cinéma amateur, lui-même cinéaste à ses heures perdues au ciné-club des Flandres, Jacques a fini par donner son accord. Non sans avoir blindé les clauses du contrat, pour protéger ce bien familial à la valeur sentimentale inestimable. « Il a été convenu que nous pouvions passer quand nous le souhaitions, de jour comme de nuit, pour vérifier que tout se passait bien, indique-t-il. Nous avions dû évacuer une partie de notre mobilier, mis à l’abri dans une des pièces. L’équipe a essentiellement utilisé le salon, la grande salle à manger et la petite, le couloir, la cuisine et deux chambres au deuxième étage. Mais comme de nouveaux meubles ont été installés, on reconnaissait plus ou moins notre maison. »
Témoin privilégié de l’avancement du film, le Villeneuvois a régulièrement pu visionner les rushs, en fin de journée, en compagnie de l’équipe technique. Il a « un peu » discuté cadrages et travelling avec Étienne Chatiliez et assisté aux premiers pas d’acteur de Benoît Magimel. « Se dire qu’il a démarré sa carrière dans notre maison, c’est assez exceptionnel », reconnaît-il.
Et puis à la fin de l’été, la production lui a rendu les clés et chacun est reparti vivre sa vie. Tranquillement. « Nous avons gagné un peu d’argent avec ce tournage, pas des sommes mirobolantes non plus, reprend Jacques. Nous l’avons partagé entre nos enfants et nos petits-enfants. Mais par la suite, nous avons refusé les autres sollicitations. » Et la maison a changé récemment de propriétaires. Clap de fin ?

Des demandes chaque semaine !

Pas tout à fait… Gérard Caudron, le maire de Villeneuve-d’Ascq, a validé de nombreuses autres propositions, comme il avait accepté celle-ci à l’époque. Habitant le quartier du Sart, à quelques centaines de mètres de la belle maison bourgeoise, il a lui aussi surveillé attentivement le bon déroulement des opérations. « Pendant plusieurs semaines, de nombreux camions sont restés le long de la rue Jean-Jaurès, dont une partie a été neutralisée à la circulation. Je souhaitais donc limiter au maximum les contraintes pour les riverains et les automobilistes », raconte-t-il.
Évidemment, l’élu était curieux de savoir ce qui pouvait bien se passer derrière les grandes grilles de fer forgé. « J’ai pu rentrer, rencontrer des gens et observer ce qui se faisait. C’est assez impressionnant, au final, de voir la part de ce qui a été tourné et ce qui reste dans le film. Le résultat est toujours étonnant, sourit-il, ravi de l’impact que ce tournage a encore sur sa commune, vingt-cinq ans après. Ce film n’a pas forcément mis Villeneuve-d’Ascq en lumière car plus grand monde ne se souvient qu’il a été tourné en partie chez nous. En revanche, il nous a permis d’être répertorié comme ville d’accueil pour les productions cinématographiques. Et aujourd’hui, il ne se passe pas une semaine sans que je signe une autorisation de tourner ! »

Fin du premier article...
Voici l'interview de Benoit Magimel :

Aujourd'hui...

Y a 25 ans...
Vous avez obtenu le rôle de Momo au milieu de 1 600 candidats. Comment avez-vous fait ?
« Je ne savais pas qu’il y avait tant de monde. J’ai entendu parler du casting, j’y suis allé en emmenant une photo de Photomaton. J’ai dû y retourner six ou sept fois, donc au bout d’un moment, j’ai voulu savoir ce qui se passait. On m’a répondu Tu as été pris, tu ne savais pas ?»
Comment avez-vous vécu ce premier tournage de votre carrière ?
« Ça a été une expérience incroyable. J’avais 13 ans, j’étais logé dans un hôtel trois étoiles à Tourcoing, on me donnait de l’argent de poche, c’était le rêve ! Je vivais ce que j’avais envie de faire. Jouer la comédie était un plaisir, je m’attachais à satisfaire le metteur en scène qui faisait figure de père. Tous les adultes étaient très attentionnés envers nous mais, avec les autres enfants, nous étions lâchés, heureux, libres. On s’amusait. Je me souviens qu’à Tourcoing, je me suis retrouvé avec deux policiers en figuration. J’ai pris leur pistolet et je leur ai demandé de faire semblant d’être braqués. Je les tenais en joue du milieu de la rue quand une voiture de vrais policiers en civil est arrivée. Ils m’ont crié Baisse ton arme ! »
Une figurante qui faisait office de nounou nous a confié que vous étiez assez espiègle, effectivement…
« Pour des gens plus classiques, peut-être. Je venais de Paris, ma mère travaillait beaucoup, elle m’avait laissé pas mal de libertés, j’étais donc un gamin débrouillard. Je pense que quand on commence le cinéma à cet âge-là, ce sont les rôles qui vous choisissent, pas l’inverse. Dans ma famille, il y a un côté réussite sociale importante et un autre un peu artiste. Ce qui fait que jouer les petits bourgeois me faisait marrer, mais j’étais beaucoup plus à l’aise dans le rôle de Momo. Dans la grande maison de Villeneuve-d’Ascq, le tournage était moins passionnant. En revanche, je me souviens avoir beaucoup rigolé avec les séquences dans la Deûle. Nous avions glissé de la vraie bière, sans alcool quand même, dans les boissons des petits. On les voit recracher à l’écran, c’est véridique, ils ont trouvé ça dégueulasse ! »
Avez-vous vu d’autres lieux de la métropole lilloise ?
« Je suis allé au marché de Lille, à Wazemmes. Les jeunes acteurs étaient défrayés 300 francs par semaine pour les repas du soir. Mais l’un des ados, âgé de 16 ans, touchait beaucoup plus. Je trouvais ça injuste. Alors j’ai repéré tous les prénoms des filles sur le tournage et je suis allé acheter au marché des bagues plaqué turquoise avec des initiales. Et je les revendais au prix fort sur le plateau ! J’ai fait mon petit commerce… »
Qu’avez-vous pensé du film à sa sortie ?
« Franchement, je pensais qu’il serait naze. Je m’amusais en le tournant, je faisais ce que je pouvais, consciencieusement, scène après scène, mais au fond je préférais de loin les westerns avec Clint Eastwood. Au cinéma, j’ai quand même bien ri avec les scènes des enfants. Je n’ai pas compris tout de suite les subtilités, les caricatures des mondes prolos et cathos. Tout ça, c’est venu en grandissant. Et je trouve qu’ils sont allés un peu fort sur le cliché des Groseille ! »

Autre message posté sur ce sujet : http://cinemasdunord.blogspot.fr/2010/10/la-vie-est-un-long-fleuve-tranquille-et.html

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