La fin du cinéma Le Paris de Maubeuge

Alors que le cinéma Rex de Sin le Noble vient de disparaître sous l'action des pelleteuses, une autre ancienne salle de la région va succomber dans les jours à venir. Il s'agit de l'ex cinéma Le Paris de Maubeuge. La Voix du Nord dans son édition maubeugeoise du mercredi 28 mars nous raconte quelques anecdotes sur l'histoire de ce cinéma. Excellent article de Florent Moreau ! Si vous avez des souvenirs de cette salle, si vous êtes voisin ou maubeugeois et que vous pouvez nous envoyer des clichés de cette destruction, alors n'hésitez pas !

Voici l'article : " Fermé depuis six ans, l'ancien cinéma Le Paris doit être démoli demain. L'occasion ou jamais de revenir sur l'histoire de cette salle qui fit en 1962 un triomphe à Pierre Perrin venu présenter son film "Un clair de lune à Maubeuge" mais qui ne se cantonna pas seulement au Septième Art : on y vit aussi passer Jacques Brel, Edith Piaf ou Gilbert Bécaud. 
Il fut d'abord l'un des symboles de la reconstruction à la Libération, puis traversa tranquillement les décennies jusqu'à ce jour. Bâti en 1952, Le Paris devait remplacer le cinéma La Bourse situé sur la place Mabuse et détruit pendant les bombardements de 1940. René Lahanier, propriétaire de La Bourse, gère, après la destruction de ce dernier, un cinéma provisoire pendant une dizaine d'années, avant de se lancer dans la construction du Paris. Celui-ci ouvre en 1953 en lieu et place de l'imposante église, elle aussi victime des bombes allemandes qui rasèrent la quasi totalité du centre-ville maubeugeois. Le Paris, dont l'une des particularités résidait dans son élégant balcon, devint ensuite la propriété de Jean-Marie Caplain entre le milieu des années 1960 et 1988, date à laquelle il fut racheté par Bernard Coppey, qui l'incorpora en 2006 à son groupe O'Ciné pour ensuite le fermer suite à l'ouverture du nouveau complexe.
Dans les années 1960-1970, Le Paris est l'un des trois cinémas maubeugeois avec le Printania et les Variétés, et le seul à ne pas être situé rue d'Hautmont. A l'époque, il représente la sortie du dimanche par excellence. "On retirait ses tickets à la buvette, on allait voir un film et ensuite on allait prendre un verre, se souvient Michel, un de nos lecteurs. Avec mon père, on courait à la sortie pour être sûr d'avoir une place au café le Mabuse, tenu par M. et Mme Hernoux : la semaine, c'était le rendez-vous des joueurs de billard et le dimanche c'était plein, la grande table de billard était recouverte d'une grande nappe pour servir les boissons. " Le Paris fait longtemps office de théâtre, celui de Maubeuge n'ayant pas non plus échappé aux bombardements de 1940. Aussi le cinéma fut-il désigné "théâtre municipal" par diverses délibérations des élus maubeugeois. Ceci afin de pouvoir "recevoir à Maubeuge certaines tournées théâtrales dont les présentations varient du classique au moderne mais restent de bon goût et susceptibles de contribuer à l'éducation (...) et à l'enrichissement intellectuel " indique une délibération de 1962 conservée dans les archives de la ville. Maubeuge peut ainsi accueillir, entre autres, les tournées charles Baret à de nombreuses reprises.
Théâtre, concert, conférences, music-hall... Le Paris est alors bien plus qu'une salle de concert. En 1958, il est archi comble pour accueillir "le premier grand gala du zoo". Le but était alors de récolter de l'argent en vue de pouvoir offrir au zoo sa première girafe ! C'est à cette occasion que se produiront Gilbert Bécaud en 1960, puis sacha Distel et Rika Zaraï en 1961.
En 1959, quatre ans avant sa mort, Edith Piaf donne un concert au cours duquel elle s'écroule sur scène. Jacques Brel vient également y interpréter son répertoire. "A l'époque, j'étais au lycée, raconte Michel. Quand on a appris que Jacques Brel venait à Maubeuge, ça a été la furie ! Les places se sont vendues comme des petits pains. " Mais l'un des moments les plus marquants de l'histoire du cinéma de l'avenue Mabuse s'est produit en 1962. Le 13 décembre, à 21 heures, eut lieu "la première projection publique mondiale du film" "Un clair de lune à Maubeuge", inspiré de l'histoire de Pierre Perrin, chauffeur de taxi parisien qui fit un triomphe avec sa chanson. Notre lecteur en garde un souvenir émerveillé : "L'avenue était pleine, les gens étaient dehors, sur le parvis, il y avait la presse, la télé. Je me souviens que Pierre Perrin est arrivé entouré de motards de la police. C'était vraiment formidable, on se serait cru au festival de Cannes ". En 1952, des ouvriers entamaient la construction de ce morceau d'histoire maubeugeoise. Soixante ans plus tard, d'autres ouvriers sont chargés d'y mettre un terme. Le Paris méritait bien qu'on lui rende un dernier hommage.
Merci aux Archives municipales de la ville et à nos lecteurs qui se reconnaitront pour leurs contributions à la réalisation de cet article.

Excellent article du grand quotidien régional !

Des photos de la salle ? des anecdotes ? des souvenirs ? racontez, contactez moi, laissez un message...


Commentaires

  1. Souvenirs souvenirs, c'est là que je suis allé au cinéma pour la première fois : c'était "qui veut la peau de Roger Rabbit ?" en 1988. Premier film pour moi, premier d'une longue série : le cinéma était accessible depuis le collège et le lycée !
    Il était emblématique de la reconstruction de Lurçat, pour autant sa destruction n'est pas vraiment triste : son successeur, lui aussi en centre-ville, est un multiplexe bien plus à même de concurrencer les cinémas de Mons et Valenciennes, et depuis six ans à l'abandon, il était devenu une verrue en pleine rue principale.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ces remarques. Nul accent passéiste dans ma démarche concernant les salles de cinéma de Maubeuge ou d'ailleurs. Comme toute chose, la salle de cinéma nait, vit et meurt et il était tout à fait normal et justifié de détruire la salle, d'autant plus que le groupe proriétaire de feu Le Paris a ouvert un complexe qui n'a rien à envier aux autres cinémas de la région. C'est ainsi, les cinémas sont aussi des commerces qui doivent s'adapter aux nouveaux modes de consommation. Ce qu'il faut surtout retenir du Paris ou d'autres, c'est le lien d'un quartier avec sa population, ce que Le Paris a donné, les héros les rêves qu'il a proposé aux gamins, les couples qu'il a fait rencontrer et surtout le lieu de loisirs, de culture et de plaisir qu'il fut en espérant que les aménageurs de ce nouvel espace urbain gardent une trace de cette activité cinéma en donnant par exemple le nom de Paris à leur prochaineconstruction comme cela a été fait à Hénin-Beaumont ou il existe une résidence du Capitole du nom de l'ancien cinéma, même chose à Sallaumines avec une résidence de l'Apollo ! Cher Anonyme, si vous me lisez et si vous avez l'occasion de prendre des photos de cette destruction du Paris, je serais heureux de les placer sur ce blog, n'hésitez pas à me les envoyer à l'adresse mail indiquée plus haut. Cordialement, Olivier Joos

      Supprimer
  2. Michel Loiseau30 mars 2012 à 10:32

    oui bel article mais l'auteur oublie de citer 2 autres salles à Maubeuge: le CLUB dans le quartier de Montplaisir et le VOG à Douzies ,rue de la Liberté ,devenu un lieu de rassemblement d'une communauté religieuse;
    Moi aussi je fréquentais régulièrement le Paris ,les films du dimanche Brel Becaud et aussi Claude François en 1964 avec Michèle Torr , les tournées Baret mais jamais je n'ai pris mes billet au bar,mais au guichet vitré situé entre les escaliers d'accès à la salle....
    la disparition de cet édifice me fait penser à la chanson d' Eddy Mitchell ...c'est triste !!

    RépondreSupprimer
  3. Jean-Marie Potiez4 septembre 2014 à 10:55

    Adolescent vivant à Maubeuge, dans les années 1970, j'allais de temps en temps au cinéma Le Paris. C'est là que j'y ai vu mes premiers films : Le gendarme se marie, La Scoumoune, Molière, Un histoire simple, etc. La salle était imposante et son balcon de toute beauté. Merci pour ce bel article hommage !

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés