La première vedette de "cinéma" de la région
La région Nord-Pas-de-Calais connait sa première idole de cinéma à la fin de la première décennie des années 1900. Ce n'est pas à proprement parler une véritable vedette de cinéma mais ses exploits et ses actions cinématographiés vont enchanter des salles complètes. Il s'agit du boxeur Georges Carpentier.
Natif de Liévin en janvier 1884, Georges Carpentier migre à Lens avec la famille en avril 1898. Son père, Benoit, travaille à la brasserie de Paul Sauvage, propriétaire du théâtre de Lens, qui va acceuillir le premier cinéma sédentaire de la ville. Le jeune Georges se passionne pour la boxe et pratique la boxe anglaise à partir de l'automne 1908, entrainé par François Descamps. Créée en 1903, la boxe anglaise conquiert un public de plus en plus nombreux. En 1911, la carrière de Carpentier décolle : champion de France puis champion d'Europe mi-moyen. C'est à partir de 1912 que ses exploits qui se déroulaient le plus souvent à Paris ou à l'étranger, vont être suivis par le public nordiste. En effet, en plaçant une caméra devant le combat, on peut dorénavant le proposer à des milliers de spectateurs ravis de voir enfin l'enfant du pays dans ses oeuvres. En 1912, l'Omnia Pathé de Lens, le cinématographe - café Huberty et le cinéma frnçais d'Auchel, entre autres, proposent des vues des quatre combats importants de Carpentier livrés cette année-là : le combat contre Sullivan le 29 février, contre Willie Lewis le 23 mai, contre Franck Klauss le 27 juin et contre Billy Papke le 23 octobre ! Ces rencontres sont retransmises en intégralité. Elles durent de quelques minutes à plus d'une heure suivant leurs issues. La ferveur est à son comble dans la salle. On plaint Carpentier mais la salle exulte lorsque son favori l'emporte. On imagine des salles de cinéma qui réagissent comme dans des salles de boxe : des spectateurs qui se lèvent comme lors d'un vrai match. Le boxeur sit qu'il devient une grande vedette et que le cinéma contribue à sa gloire et à sa popularité. Il s'intéresse à son image et aux retransmissions cinématographiques. Le Journal de Lens du 9 mai 1912 nous apprend qu' "à l'occasion du Grand Prix automobile de Dieppe, Carpentier fournirait un combat de boxe. Il toucherait pour cela le cachet de 45.000 francs plus un quart des bénéfices que produirait le film cinématographique représentant le combat." En 1913, c'est la rencontre Carpentier - Bombardier Wells et la revanche qui passionne le public. L'Omnia Pathé de Béthune projette ces deux matchs qui voient par deux fois la victoire du lensois. Enfin, en août 1914, la même salle béthunoise fait du Carpentier - Gunboat Smith son grand sepectacle. Carpentier touche 100.000 francs de droits de cinéma. Outre les vues sportives, les spectateurs peuvent retrouver leur idole dans une oeuvre de fiction, très librement inspirée de faits réels. Il s'agit du film, "Le roman de Carpentier ", toujours projeté à l'Omnia Pthé de Béthune, mais proposé probablement aussi dans d'autres salles. Le film conte une histoire d'amour entre le mineur Carpentier et la fille du patron de la mine sur fond de grève et de contestation. Le patron est joué par le grand Harry Baur ! Cette vue, qui contient certaines scènes tournées en extérieur à Lens est irrémédiablement perdu. Nous reparlerons de ce film plus tard. Mais Carpentier a pris goût de la comédie et du cinéma. Apr_s la guerre et parallèlement à sa carrière de boxeur, il tournera sept films.
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