Un témoignage d'un figurant de "Week-end à Zuydcoote"

Voici un article de La Voix du Nord du 2 juin 2010 écrit par Annick Michaud et qui propose une interview d'une figurante du film de Henri Verneuil :



Lucienne Pinte a aujourd'hui presque 80 ans. La Bray-Dunoise en avait 33 quand elle a tourné dans « Week-end à Zuydcoote », comme nombre de figurants qui seront rassemblés au Studio 43, vendredi. L'infirmière major du film, c'est elle.


Comment vous êtes-vous retrouvée sur le tournage ?

« Courant mai 1964, Paul Dufour, régisseur de Paris Films production, s'est présenté à l'agence immobilière où je travaillais avec mon mari, à Bray-Dunes. Il recherchait des appartements à louer pour le tournage. Il cherchait aussi un étudiant en médecine ou une infirmière, car avec les artifices, le tournage pouvait être dangereux. J'avais mon diplôme d'infirmière ambulancière de la Croix-Rouge. »


Quel rôle avez-vous interprété ?


« J'ai tenu le rôle de l'infirmière major, avec mon propre habit d'infirmière. J'ai joué dans la scène où elle comptabilisait les morts, représentés hors caméra par des sacs de sable, avec le médecin, joué par Pierre Verdier. Je devais être très sérieuse à cause de l'atrocité de la situation. A la fin de la scène, Henri Verneuil m'a dit "Vous avez été sublime". J'ai aussi joué avec mes deux enfants dans une scène au début du film, à la gare de Rosendaël, je suis en civil avec un foulard sur la tête. Et on me voit derrière une ambulance de la Croix-Rouge au moment d'un bombardement. J'ai aussi aidé à payer les figurants : pour recevoir les 1 500 personnes qui avaient participé à la grande scène, M. Dufour avait installé une cabine de bain dans la dune ; certains ne sont même pas venus chercher leur fiche de paie. »


Avez-vous eu des contacts avec Jean-Paul Belmondo ?


« Avec sa famille, il habitait la villa Clos Bleu, boulevard de la Liberté. A l'époque, il était marié à Elodie. Ils avaient trois enfants, Patricia, Florence et Paul, que j'ai tenu dans mes bras. Il était un peu déconneur. Quand il est venu payer sa location, 600 000 anciens francs, il a dit à mon mari : "Vous pouvez garder ce chèque comme autographe." Mais on l'a encaissé ! »


Et les autres membres de l'équipe ?

« J'ai beaucoup apprécié François Périer. Je rends aussi hommage à Claude Pinoteau, qui était assistant réalisateur ; un monsieur d'une éducation très raffinée. Henri Verneuil était un homme très compétent. Il poussait parfois des colères quand les acteurs ne faisaient pas ce qu'il voulait.


Quels souvenirs gardez-vous de ce tournage ?


« C'était très agréable. Il n'y avait pas de différences de classes sociales. Les acteurs étaient accessibles. Le tournage a rendu Bray-Dunes très vivante. Comme La Voix du Nord le relatait, les gens venaient voir, le week-end. Un jour, on a comptabilisé 10 000 voitures. A l'époque, on disait aussi que Bray-Dunes avait vendu du whisky pour vingt ans. Les acteurs de second ordre faisaient la nouba. »


Avez-vous gardé des contacts avec l'équipe ?

« Nous avons été invités à la première du film à Paris ; j'y suis allée. J'ai longtemps gardé contact avec les costumiers. »


Avez-vous conservé des éléments du film ?

« J'ai longtemps eu un fusil en bois. J'avais aussi un fauteuil de réalisateur, mais je l'ai égaré dans un déménagement. En revanche, j'ai beaucoup de documents. J'ai prêté ma fiche de paie - 3 000 anciens francs par jour - pour l'exposition à Zuydcoote, et des photos. Nous en avions fait beaucoup : mon fils avait 12 ans à l'époque et il avait eu un appareil photo pour sa communion. »


Serez-vous présente à la soirée des figurants au Studio 43 vendredi ?


« Oui, et à l'exposition à Zuydcoote le week-end. Je vais peut-être me remettre en tenue d'époque. Je suis actuellement dans les Pyrénées orientales et la Croix-Rouge locale m'a retrouvé une blouse, un brassard et un blouson ! »

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