Alors que la municipalité s'apprète à transformer l'ancien cinéma Moderne de la rue Pasteur en une nouvelle médiathèque, revoyons en quelques lignes, l'histoire de l'exploitation cinématographique à Lumbres. Tout d'abord, une première salle semble avoir ravi les lumbrois. Il s'agit du cinéma Brunet, situé rue de la gare, là où il y a eu le magasin Joly puis le centre de dyalise. On sait peu de choses sur cette salle. En décembre 1938, un nouveau cinéma ouvre ses portes, au 01 rue Pasteur. Il est dirigé par Arthur Banelle. Ce dernier n'est pas un novice dans la profession. Il a déjà parcouru l'ouest du Pas-de-Calais et la Flandre maritime avec son installation itinérante dénommée le Modern' Cinéma Parlant Banelle, un immense chapiteau afin de proposer des projections itinérantes pour un soir, une semaine, ou plus. La présence du cinéma itinérant est ainsi attesté à Fruges, à Watten, à Herzeele, à Lumbres également.
Il semble que l'installation Banelle soit un ancien théâtre ambulant reconverti en cinéma. Tout se fait en famille : Arthur gère l'établissement, le fils Robert est à la projection, la mère est à la caisse et les trois filles Yvonne, Claudine et Florette sont ouvreuses. Pour une raison inconnue, et après avoir envisagé Fruges, c'est à Lumbres qu'Arthur s'installe : est-ce l'âge ? la fin de la mode du cinéma itinérant ? ou tout simplement l'envie de se fixer ? Mais on se souvient encore qu'Arthur continuait de vivre en roulotte près de sa salle. Juin 1940, Banelle est présent. Sa salle a une capacité de 300 places. Les Trente Glorieuses, époque bénie du cinéma avant l'arrivée puis l'avènement du petit écran. Le cinéma de Lumbres fait le plein, même si la ville n'a alors que 2.600 habitants. Elle est dénommée tout simplement le cinéma Banelle plutot que le Modern'. Arthur reste le projectionniste, alors que son épouse, petit bout de femme alerte, s'occupait des spectateurs. Avec une voix aigüe, elle savait parfaitement remettre à leur place les jeunes qui chahutaient un peu trop !Les succès de ces années là sont passés sur l'écran, comme "La vache et le prisonnier" avec Fernandel. A l'époque, le film est précédé d'actualités, et des publicités d'un valenciennois qui a fait fortune dans la réclame : Jean Mineur. La fille Florette se lance dans la gestion d'un café, l'actuel café Jenlain en face de l'église. Quand au fils Robert, il va partir gérer le cinéma de Blendecques nommé... le Modern', comme le cinéma de papa.
Un lecteur de ce blog, Mr Bouvart nous apprend plusieurs choses : un des premiers films à avoir été projeté en Cinémascope est "Michel Strogoff", dans les années 55 - 60. La cabine de projection étant décentrée, l'écran panoramique était légèrement incurvé sur la droite. Il occupait toute la largeur de la salle. De plus, ce lecteur nous informe que le poids des objectifs anamorphiques nécessitait un système de suspension accroché aux magasins films. Enfin, Mr Bouvard nous rappelle les sympathies gaullistes du directeur. En effet, un cadre du Général de Gaulle était accroché à gauche dans la salle, au niveau du feu et Léonie, son épouse, avait une photo de presse du Général dans son guichet à billets.
La fin de l'aventure cinématographique date d'après 1967. A sa fermeture, le bâtiment a été transformé en magasin de vêtements, le dernier étant "Mod'Expo", qui a fermé il y a environ 2 ans, peut-être un peu plus. Ces locaux ont été rachetés par la municipalité et sont destinés à devenir une médiathèque pour l'année 2011. Pour l'instant, les vitrines sont utilisées pour des expositions diverses : tableaux de peintres locaux, exposition sur les écoles au moment de la rentrée, une expo relative à l'église de Lumbres, qui fait l'objet de travaux, après avoir été fermée en raison de la dangerosité de l'édifice religieux.
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