L'article paru ce dimanche dans La Voix du Nord
Qui se souvient que la ville de Saint-Omer a compté jusqu'à quatre cinémas ? Plus grand monde, justement. C'est pour cela qu'Olivier Joos, forcément un peu mordu de 7e art mais surtout historien, a créé un blog consacré aux salles obscures de toute la région. Moteur.
PAR DAVID MONNERY
Le Marché Plus de la rue d'Arras ou encore les bureaux de la brasserie de Saint-Omer, boulevard de Strasbourg, sont toujours des zones de passage.
Mais ce ne sont plus des lieux de rendez-vous, comme dans le temps. L'époque où le Rex et le Gaumont y projetaient des films avec comme concurrents le Familia de la rue Gambetta et l'Eden, rue du Lycée. « C'était l'apogée des salles de cinéma, après la Seconde Guerre mondiale, dans les années 1950. On en a compté jusqu'à cinq cents* dans la région », explique Olivier Joos. Lui, c'est un peu le Pierre Tchernia des salles obscures, le Monsieur cinéma des strapontins. Il sait tout ou presque sur les salles de cinéma de la région. Son blog**, créé en février 2009, en fait l'illustration. « Je l'alimente progressivement, au moins une fois par semaine. » Depuis sa maison de Wizernes, Olivier Joos, met en ligne, au compte-gouttes, la somme de documents et d'informations récoltées en amont. « J'en ai encore énormément sous le bras, sans compter tout ce que les internautes me font parvenir. Car je suis toujours à la recherche de tickets d'entrée d'époque, de vieux programmes, de photo sur laquelle on voit un cinéma, même de loin, etc. Si les gens veulent les conserver, je me contente de faire des photocopies. » Ce professeur d'histoire-géo a toujours été « passionné par le cinéma, surtout les films de grand spectacle qui en mettent plein la vue comme le Seigneur des Anneaux » - ce qui ne l'empêche pas de faire travailler ses élèves des collèges de l'Esplanade à Saint-Omer ou à Fruges sur des films de Chaplin. Mais depuis la naissance de sa fille, il n'a plus trop l'occasion de pousser la porte d'Ociné qu'il affectionne particulièrement.
Alors d'où vient l'idée de ce blog ? De son mémoire de maîtrise d'histoire, en 1995. « C'était l'année du centenaire du cinéma. Plutôt que de me lancer dans un énième sujet militaire ou politique, j'ai décidé de coller à l'actualité de cette année. » Bien lui en a pris : il a obtenu la mention « très bien ». « Je m'étais concentré sur la période 1895-1914 et uniquement dans le bassin minier », explique ce Lensois d'origine. Une fois son diplôme en poche, il a voulu en savoir plus. « Pourquoi ? Je me pose encore la question . » Olivier Joos repart ainsi sur les traces de toutes les salles ayant existé dans la région. Et s'intéresse à ce qu'elles sont devenues. Sa façon « de garder une trace ». Parce que se faire une toile aujourd'hui, « ce n'est plus la même chose que dans les années 1950. Avant, on allait au ciné quel que soit le film, aujourd'hui, on sélectionne. Et il n'y a plus les actualités, les commentaires. » Sans sacraliser outre mesure ces lieux. « Je ne suis pas sûr que ça servirait à quelque chose de conserver les salles désaffectées.
» Pas du fétichisme, donc. D'ailleurs chez lui, point d'affiches de film ou d'autographes de stars placardés partout aux murs. Juste une belle petite collection de DVD. « On a bien eu des sièges de cinéma... mais ça prend beaucoup de place et ce n'est pas toujours très confortable.
» Pourtant, des collectionneurs, il en connaît. « Des gens qui ont de l'espace. » Parce qu'il en faut pour stocker du vieux matériel de projection, des bobines, etc. Ensemble, ils réfléchissent même à mutualiser leurs recherches. « Cela fait une dizaine d'années qu'on veut créer une sorte de cinémathèque régionale comme en Bretagne ou en Corse. » Voilà qui ferait une salle de plus à ajouter à sa collection. •
*A titre de comparaison, il n'y en a plus que quatorze dans le Pas-de-Calais à l'heure actuelle. Un peu plus dans le Nord.
**cinemasdunord.blogspot.com
PAR DAVID MONNERY
Le Marché Plus de la rue d'Arras ou encore les bureaux de la brasserie de Saint-Omer, boulevard de Strasbourg, sont toujours des zones de passage.
Mais ce ne sont plus des lieux de rendez-vous, comme dans le temps. L'époque où le Rex et le Gaumont y projetaient des films avec comme concurrents le Familia de la rue Gambetta et l'Eden, rue du Lycée. « C'était l'apogée des salles de cinéma, après la Seconde Guerre mondiale, dans les années 1950. On en a compté jusqu'à cinq cents* dans la région », explique Olivier Joos. Lui, c'est un peu le Pierre Tchernia des salles obscures, le Monsieur cinéma des strapontins. Il sait tout ou presque sur les salles de cinéma de la région. Son blog**, créé en février 2009, en fait l'illustration. « Je l'alimente progressivement, au moins une fois par semaine. » Depuis sa maison de Wizernes, Olivier Joos, met en ligne, au compte-gouttes, la somme de documents et d'informations récoltées en amont. « J'en ai encore énormément sous le bras, sans compter tout ce que les internautes me font parvenir. Car je suis toujours à la recherche de tickets d'entrée d'époque, de vieux programmes, de photo sur laquelle on voit un cinéma, même de loin, etc. Si les gens veulent les conserver, je me contente de faire des photocopies. » Ce professeur d'histoire-géo a toujours été « passionné par le cinéma, surtout les films de grand spectacle qui en mettent plein la vue comme le Seigneur des Anneaux » - ce qui ne l'empêche pas de faire travailler ses élèves des collèges de l'Esplanade à Saint-Omer ou à Fruges sur des films de Chaplin. Mais depuis la naissance de sa fille, il n'a plus trop l'occasion de pousser la porte d'Ociné qu'il affectionne particulièrement.
Alors d'où vient l'idée de ce blog ? De son mémoire de maîtrise d'histoire, en 1995. « C'était l'année du centenaire du cinéma. Plutôt que de me lancer dans un énième sujet militaire ou politique, j'ai décidé de coller à l'actualité de cette année. » Bien lui en a pris : il a obtenu la mention « très bien ». « Je m'étais concentré sur la période 1895-1914 et uniquement dans le bassin minier », explique ce Lensois d'origine. Une fois son diplôme en poche, il a voulu en savoir plus. « Pourquoi ? Je me pose encore la question . » Olivier Joos repart ainsi sur les traces de toutes les salles ayant existé dans la région. Et s'intéresse à ce qu'elles sont devenues. Sa façon « de garder une trace ». Parce que se faire une toile aujourd'hui, « ce n'est plus la même chose que dans les années 1950. Avant, on allait au ciné quel que soit le film, aujourd'hui, on sélectionne. Et il n'y a plus les actualités, les commentaires. » Sans sacraliser outre mesure ces lieux. « Je ne suis pas sûr que ça servirait à quelque chose de conserver les salles désaffectées.
» Pas du fétichisme, donc. D'ailleurs chez lui, point d'affiches de film ou d'autographes de stars placardés partout aux murs. Juste une belle petite collection de DVD. « On a bien eu des sièges de cinéma... mais ça prend beaucoup de place et ce n'est pas toujours très confortable.
» Pourtant, des collectionneurs, il en connaît. « Des gens qui ont de l'espace. » Parce qu'il en faut pour stocker du vieux matériel de projection, des bobines, etc. Ensemble, ils réfléchissent même à mutualiser leurs recherches. « Cela fait une dizaine d'années qu'on veut créer une sorte de cinémathèque régionale comme en Bretagne ou en Corse. » Voilà qui ferait une salle de plus à ajouter à sa collection. •
*A titre de comparaison, il n'y en a plus que quatorze dans le Pas-de-Calais à l'heure actuelle. Un peu plus dans le Nord.
**cinemasdunord.blogspot.com
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