Le Viographe Péchadre

A partir de l'année 1900, l'exploitant, M. E. (on ne connait pas son prénom, peut-être Henri d'après l'ouvrage de Daniel Granval sur le cinéma à Merville, alors que j'ai trouvé dans les journaux d'époque la seule lettre E) Péchadre nomme sa loge « Viographe » cherchant ainsi à se distinguer des concurrents qui envahissent alors les champs de foire et à montrer au public qu'il leur propose non une reproduction de la vie, mais une « écriture » de la vie. A ces débuts, la loge s'intitule « Théâtre du Viographe Péchadre ». L'exploitant faisait-il auparavant du théâtre forain ou cherchait-il simplement à rapprocher son attraction du monde du théâtre, encore si présent dans les foires, mais en voie de déclin avec le succès des loges électriques émetteurs de bruits de plus en plus forts. Dès ses débuts, lors de sa première mention dans le bassin minier à Béthune en 1900, le Viographe « n'admet aucune comparaison » et il possède tous « les derniers perfectionnements ». Il est difficile de savoir quels sont ces perfectionnements, si toutefois le Viographe en possède puisque les comptes-rendus des journaux évoquent toujours à propos des cinémas forains « des appareils neufs », « les dernières découverts techniques » et autres arguments visant à promouvoir la modernité des appareils utilisés. Le Viographe permet « la netteté et la finesse des photographies animées […] et aucune trépidation ». La loge Péchadre propose des vues cinématographiques de près de vingt mètres carrés pendant environ soixante minutes. De 15 heures à 23 heures, le Viographe propose de nombreuses vues, issues principalement de la Maison Lumière : un régiment qui passe, les vagues de la mer en furie, le mouvement des rues,... et quelques actualités, telles « La mort du Président Félix Faure » ou le voyage de ce dernier en Russie. L'établissement, éclairé à l'électricité par un moteur Niel de 21 chevaux, attire une foule considérable. Outre le spectacle cinématographique, le Viographe « exhibe une famille de nains jouant délicieusement de la mandoline et de la guitare ». Cette dernière exhibition est-elle ce qui reste de la précédente activité de Péchadre ou s'agit-il plus simplement d'une attraction supplémentaire destinée à attirer la foule ? A la fin de la dernière représentation, la direction du Viographe offre un petit souvenir à chaque spectateur. Dès l'année suivante, en 1901, à son retour à la foire de Béthune et grâce à son succès, le Viographe s'est « considérablement embelli et agrandi » et présente pour la première fois des vues locales : la sortie de la Grand'Messe de l'église Saint-Vaast par exemple. Enrichissant son spectacle, M. Péchadre offre en 1902 sa nouvelle attraction : « le Royal Biophone, appareil donnant non seulement la vie aux tableaux mais aussi la parole ». Au fil des années, le Viographe devient un établissement de grande importance. A son retour dans le pays noir, après une longue absence où pour l'instant, il est impossible de savoir où est passé le Viographe, ce dernier est une institution. Il est « le plus parfait, le plus grandiose des cinématographes » avec cette fois un écran de quarante mètres carrés de surface et « possédant une collection de 3.000 vues ». Ces transformations ont probablement amené un changement du moteur Niel pour un moteur plus puissant. Il s'est détaché du calendrier des foires devenant un cinéma itinérant. Mais les temps ont changé. Alors qu'il est en représentation en avril 1911 à Hénin-Liétard, cette ville possède déjà trois cinémas sédentaires.
Il est difficile d'établir un itinéraire précis du Viographe depuis sa création jusqu'en 1914. Il est d'abord mentionné à la foire de Béthune en mars 1900 où il est l'une des principales attractions avec la loge de l'illusionniste Bidart, la ménagerie Adrien Pezon qui ne propose pas encore de cinématographe parmi les fauves, et le théâtre Saint-Antoine. En mai 1900, Péchadre est présent à la ducasse d'Hénin et en juin à celle de Lens. Pendant tout le mois de juillet, il est l'attraction principale des fêtes de Gayant où il projette deux vues Méliès : « Le diable au couvent » et « L'homme aux quatre têtes coupées et parlantes ». En mars 1901, il est de nouveau à la foire de Béthune, en concurrence avec le Miméographe et le Salon du cinématographe géant. Encore présent à cette même foire en 1902, il est de retour dans la sous-préfecture en mars 1903, où il est cette fois installé au Marché aux chevaux, face à l'hôtel du Paon d'or. En juillet 1903, Péchadre est à Merville avec des projections de vues locales comme « une procession qui eut lieu à Bailleul », « une sortie de la messe de Merville ». En 1904, le Viographe est recensé à la foire de Béthune et fin mai à la ducasse de la Trinité de Lens. Novembre 1906, on repère le Viographe sur la Grande-Place d'Aniche. Suit alors une éclipse ou le Viographe quitte le bassin minier pour d'autres départements. Blaise Aurora, dans son ouvrage sur le cinéma en Lorraine, mentionne le Viographe à la foire de Toul en 1908. Il se détache alors progressivement du monde forain pour devenir un vaste cinéma itinérant. Il fait sa dernière apparition en avril 1911 sur la place de la République d'Hénin-Liétard. Il est difficile de savoir ce qu'est devenu M. Péchadre et sa loge. Face au déclin du cinéma forain, il a certainement changé d'activité. En 1917, la voiture foraine d'une confiserie appartenant à un M. Péchadre est réquisitionnée à Maubeuge,mais est-ce le même, ou quelqu'un de la famille ?
Il est difficile d'établir un itinéraire précis du Viographe depuis sa création jusqu'en 1914. Il est d'abord mentionné à la foire de Béthune en mars 1900 où il est l'une des principales attractions avec la loge de l'illusionniste Bidart, la ménagerie Adrien Pezon qui ne propose pas encore de cinématographe parmi les fauves, et le théâtre Saint-Antoine. En mai 1900, Péchadre est présent à la ducasse d'Hénin et en juin à celle de Lens. Pendant tout le mois de juillet, il est l'attraction principale des fêtes de Gayant où il projette deux vues Méliès : « Le diable au couvent » et « L'homme aux quatre têtes coupées et parlantes ». En mars 1901, il est de nouveau à la foire de Béthune, en concurrence avec le Miméographe et le Salon du cinématographe géant. Encore présent à cette même foire en 1902, il est de retour dans la sous-préfecture en mars 1903, où il est cette fois installé au Marché aux chevaux, face à l'hôtel du Paon d'or. En juillet 1903, Péchadre est à Merville avec des projections de vues locales comme « une procession qui eut lieu à Bailleul », « une sortie de la messe de Merville ». En 1904, le Viographe est recensé à la foire de Béthune et fin mai à la ducasse de la Trinité de Lens. Novembre 1906, on repère le Viographe sur la Grande-Place d'Aniche. Suit alors une éclipse ou le Viographe quitte le bassin minier pour d'autres départements. Blaise Aurora, dans son ouvrage sur le cinéma en Lorraine, mentionne le Viographe à la foire de Toul en 1908. Il se détache alors progressivement du monde forain pour devenir un vaste cinéma itinérant. Il fait sa dernière apparition en avril 1911 sur la place de la République d'Hénin-Liétard. Il est difficile de savoir ce qu'est devenu M. Péchadre et sa loge. Face au déclin du cinéma forain, il a certainement changé d'activité. En 1917, la voiture foraine d'une confiserie appartenant à un M. Péchadre est réquisitionnée à Maubeuge,mais est-ce le même, ou quelqu'un de la famille ?
Le cliché illustrant cet article est un cinéma itinérant. Pour l'instant, je n'ai aucune photo du Viographe. C'est bien dommage !! Fouillez vos greniers, contactez des Pechadre dans les pages jaunes, regardez avec une loupe si vous avez des cartes postales anciennes montrant des foires et ducasses...
Bonjour, j'ai trouvé mention du passage du "Théâtre des Lilliputiens" à Châteaudun (Eure-et-Loir) en mai 1899. Le directeur se prénomme E. (Est-ce lui le directeur qui mesure 90 cm, pèse 22 kg et est âgé de 56 ans ?) A cette date il ne fait que jouer de la musique avec ses trois filles, il n'est pas fait mention de projections.
RépondreSupprimerAlain
Bonjour Alain,
RépondreSupprimerMerci pour ce commentaire et pour cette info. Le calendrier de passage des manèges au début du siècle est un exercice compliqué. Peut-être s'agit-il effectivement de la même baraque foraine... ou peut-être pas. Il faut, je crois, trouver d'autres infos, d'autres indices, des liens qui permettraient de tisser la toile des allers et venues des baraques foraines qui ont tant marquées les esprits de cette époque afin de faire du spectacle cinématographique ce que nous connaissons aujourd'hui. Si vous avez d'autres infos, Alain, ou un lecteur de ce message, n'hésitez pas à me contacter.
D'avance merci, Cordialement, Olivier J
Son prénom est Etienne, originaire de Saint Martial de Gimel en Corrèze
RépondreSupprimerLaurent
Rectification: Originaire de Saint Salvadour en Corrèze où il est né le 21.5.1840
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