Le Majestic de Lens
Cette salle a certainement la façade la plus belle d’un cinéma de l’entre deux guerres. Situé rue de la gare, une rue très commerçante menant vers la place de la gare, le Majestic a ouvert ses portes en mars 1921. C’est Damia, grande chanteuse réaliste, qui inaugure cette salle. En premiere partie se produisent de nombreuses attractions, comme des comiques, des acrobates,… Projections en muet, les films sont accompagnés par l’orchestre symphonique composé des lauréats du Conservatoire sous la baguette d’Octave Aubry, premier prix du conservatoire de Lille en 1902. Le directeur du Majestic est M. Distinguin qui « a choisi son personnel parmi les mutilés et les veuves de guerre », nous annonce le Journal de Lens du 6 mars 1921. Le même journal nous apprend que la salle est « superbe, construit en dur, la décoration intérieure rappelle certains théâtres parisiens ». En 1923, le directeur du cinéma est dorénavant M. Godart. Le Majestic ne propose pas uniquement des séances de cinéma, mais aussi des opéras comme Faust ou des opérettes. Vaste salle de centre-ville à la clientèle selecte, bâti à proximité du premier cinéma sédentaire de Lens détruit par la première guerre, le Majestic peut accueillir 850 personnes au parterre et 300 au balcon. Alors qu’il était la première salle à ouvrir après 1918, le Majestic est concurrencé par 6 cinémas dès 1925 : le Casino, le cinéma de la Maison syndicale, l’Eden-Cinéma, l’Eldorado, le cinéma Buffe et le Lensiana. En 1930, de nouveaux sièges sont posés dans la salle qui appartient à l’époque à la Société Lensoise de spectacles, dirigée par M. Bœuf, qui gère également le Casino de la rue de Paris, premier cinéma à proposer des séances parlantes à Lens en septembre 1930. Cependant, cette Société est rapidement concurrencé par un géant en plein expansion : le réseau Bertrand. En 1932, alors que le groupe Bertrand inaugure l’Apollo, place de la gare, vaisseau amiral de 2432 places, la société rachète la Majestic et le Casino. Ces salles sont sauvegardées, le personnel intégralement repris. Ce sont les bombardements du second conflit mondial qui détruisent le Majestic qui ne sera pas reconstruit après la guerre.
Source : l’ouvrage indispensable de Ginette Haÿ : « La renaissance de Lens », éditions Les Dossiers de Gauheria n°8, novembre 2007
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