L'ambiance d'une salle de cinéma

Jusqu'à encore récemment, venir au cinéma était un spectacle en soi.
Outre, bien sur le film, il existait des rituels qui semblaient immuables. Ainsi, par exemple, le choix du siège. Pour celles et ceux qui fréquentaient toujours le même cinéma qui n'avait alors qu'une seule salle unique, le rituel était d'occuper toujours la même place, soit en arrivant bien en avance, soit en réservant le siège à l'année, ce que proposaient certains cinémas, comme l'Apollo de Lens (d'où la numérotation des sièges et des rangées, ce qui n'existent plus aujourd'hui). Une fois installé, et en attendant la séance, bien calée dans le fauteuil (souvent de velours rouge), on pouvait lire les annonces des publicités des commerçants locaux avec de jolies réclames phosphorescentes pour les plus belles et des dessins joyeux (ci-contre, le panneau-réclame de la salle de Quievrechain). Certains jouent au jeu du rideau : repérer à toute vitesse un nom choisi au hasard parmi les commerçants locaux et demander à l’autre personne accompagnant de deviner… Alors que le cinéma se remplit, le spectateur se sent de plus en plus en sécurité par les velours rouges pourpres qui tapissent les murs de la salle, les appliques murales qui diffusent une lumière feutrée et apaisante, l’odeur de renfermée et de pop corn mêlés…D’un coup, le rideau remonte doucement et le souffle d’un « aaaah » monte dans la salle jusqu’aux balcons, alors que l’obscurité se fait tout doux, que crescendo, le noir nous envahit, et que le ronronnement de l’appareil se fait entendre… Le noir s’installe, le faisceau lumineux scintille… Les premiers bandes annonces apparaissent. On se délecte en pensant déjà aux prochains films pour lesquelles on ne lésine pas alors sur les superlatifs. Puis, c’est le générique préféré que des millions de spectateurs en France connaissent par coeur : « Balzac zéro, zéro, zéro…un ! ». La lumière revient pour un bref instant : un des meilleurs moments de la séance pour les enfants… L’ouvreuse qui arrive, la caisse pleine de friandises. On a peur pour elle et ses épaules à cause de la lourdeur de sa caisse en osier. Elle est belle et jolie avec un sourire toujours présent qui irradie son visage. Son panier est si bien garni : chocolats glacés, glaces du petit esquimau que l’on venait de voir dans les publicités, bouchées, rochers Suchard, des caramels Lutti, Kréma, les biscuits Bahlsen ou alors les Chocorêves en rouleau,… Avec une petite musique en fond sonore, souvent un générique connu de musique de film, l’ouvreuse nous susurre son refrain : « bonbons, caramels, esquimaux, chocolats… ». Les gamins se pressent autour de son panier, les yeux avides. Parfois, il y a même des friandises confectionnées par le cinéma. Quelques minutes plus tard, lorsque la foule affamée s’est assagie et que l’on entend les craquements des sachets de chocolat ou de biscuit, le noir revient. Le film commence : du rêve, de la fantaisie, de l’émotion, de la vie par procuration… Il débute toujours par l’annonce de la maison de production : les étoiles au dessus de la montagne de la Paramount, ou le rugissement du lion de la Métro - MGM dans un cercle, ou bien encore le G bleuté de la Gaumont ou le coq cocardier de Pathé, la statue allégorique de la Columbia qui ressemble tant à celle de la statue de la liberté… Le spectacle peut alors commencer. Le spectateur, s'échappant de son quotidien pour un bon moment, devient alors le roi du monde… A chaque fois, cela ne manque pas. Au bout de dix minutes, une petite lumière scintille dans la salle. C’est l’ouvreuse qui montre à un couple de retardataires les rares sièges libres. Tant pis pour eux s’ils sont en retard et souvent séparés, ils ont manqué le meilleur…
Aujourd’hui, de nombreux cinémas de périphérie, proches de centres commerciaux informes sont souvent froid, sans chaleur, loin du centre-ville, et ne sont que des immenses bâtisses qui s’emplissent puis se vident de spectateurs qui ne retiennent bien souvent de cette sortie que les calories absorbées par des friandises sans saveurs…


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