Le cinéma à Saint-Omer de 1895 à 1939

Les audomarois prennent contact avec la nouvelle invention des frères Lumière à la mi-novembre 1896, d’après le journal L'Indépendant du Pas-de-Calais. C’est au prix unique de 1 franc qu’ils assistent aux « séances de projection de vues animées ou de photographies vivantes », pendant une heure. Comme dans les premières séances de cinéma qui ont lieu alors un peu partout dans notre région, les projections sont plutôt de l’ordre du documentaire. La séance est constituée par des vues du voyage du président en Russie, un régiment en marche, une leçon de bicyclette et un début d’incendie. On montre également des divertissements avec des scènes comiques et amusantes, comme une dispute entre un cocher et un client, ou un quadrille de clown. Les audomarois avaient déjà eu l’occasion de découvrir cette curiosité scientifique à l’occasion de la foire, sous la forme du panorama.Périodiquement, des projections sont organisées au théâtre ou dans la salle des concerts de Saint-Omer par des troupes ambulantes. En 1904, le cinéma itinérant Imperator fait découvrir aux audomarois le cinéma parlant. Le prix demandé pour une projection et de plus en plus modique, entre un franc et cinquante centimes. Il était donc accessible pour un menuisier audomarois qui recevait en 1906, pour une journée de salaire, trois francs. En 1911, l’annuaire Ravet-Anceau nous apprend l’existence de la première « salle » de cinéma de Saint Omer : un café proposant des séances d’images animées, la Brasserie Cinéma au 13 rue Louis Martel, une rue perpendiculaire à la Grande Place, et tenue par M. Vandepute. Cette information paraît dans la nouvelle rubrique « Café-cinéma » mais il semblerait que cette salle soit en fonctionnement depuis 1910. Il s’agit donc d’une « brasserie cinéma » qui présente, sur le même modèle que le café-concert, à un public attablé, un spectacle cinématographique, renouvelé tous les soirs d’après L’Indépendant de février 1913.


Après les affres de la première guerre mondiale, où les salles de cinéma ont ouvert par intermittence, la société audomaroise replonge dans la frénésie du nouveau divertissement. Cette fois, on ne se contente plus de cinématographe de passage au grè des foires et dans des conditions sommaires, mais il faut de véritables temples voués au nouveau culte des images animées. On cherche le spectacle sur l'écran, chaque jour et dans des conditions optimales de confort et de sécurité. Le journal local L’Indépendant du 07 juillet 1919 nous apprend que « pour l’ouverture de leur cinéma, MM Montigny offriront à titre gracieux vendredi prochain 11 juillet à 20 heures une soirée intime aux autorités de Saint Omer ». Les exploitants, avant d’ouvrir la salle au public, souhaitent montrer aux édiles que celle-ci répond aux normes de sécurité (il n’y a d’ailleurs qu’à traverser la rue et on se retrouve à la mairie). C’est aussi, tout simplement, un moyen de se faire de la publicité. Le Ciné Mondain de la Grand Place ouvre ses portes au public à partir du samedi 12 juillet. Pour cette ouverture, la programmation est la suivante : Une fête patriotique à Strasbourg, deux drames : Le vertige du luxe et La proie, et enfin un comique : Toute la jungle le poursuivaient. Face à cette annonce, le journal local publie en dernière page une publicité pour un cinéma concert gratuit au Palace, boulevard de Strasbourg. Ce cinéma, ancienne salle des fêtes du pensionnat Saint-Joseph, va bientôt être affilié au réseau Gaumont. L’Indépendant publie ensuite à intervalle très irrégulier les programmes du Ciné Mondain, sans mentionner – ou alors très rarement – le nom du directeur Montigny.


En 1925, d’après l’annuaire Ravet-Anceau au 50 rue d’Arras, le cinéma des familles, futur Rex, a pour directeur M. Lefebvre. Le cinéma est alors placé entre un marchand de chaussures (Schmitz-Flamen) et un boulanger (M. Duseigne). Au 09 grand-Place, nous trouvons donc également le Ciné Mondain entre l’estaminet Leclere (n°08) et le café de l’Harmonie de Georges Schérer. Le directeur est dorénavant M. Allart. Cette salle de la Grand Place est anciennement un café nommé BelleVue alors qu'aujourd’hui, depuis de nombreuses années, c'est la banque Société Générale. Au 31 boulevard de Strasbourg réside M. Depelchin, opérateur de cinéma, qui exploite avec M. Pennequin, le cinéma Gaumont. En 1925, l’annuaire Ravet-Anceau mentionne à l’emplacement de la future salle du Familia, 14 rue Gambetta, l’entreprise de pompes funèbres de Mr Carlier.


Ecoutons M. Coyecques, dernier propriétaire de la salle du Rex, rue d’Arras qui nous donne les raisons de l’ouverture de cette salle par son père : « Pour agrandir l’ébénisterie de mon père, 06 rue des clouteries, trop à l’étroit et gênante pour les voisins, Edouard, mon père, acheta cet immeuble, rue d’Arras en 1926 à Mr Queste qui semble l’exploiter depuis 1916. Mon père n’était alors pas intéressé par le cinéma. Il l’a loué à M. Lefebvre, électricien, rue des clouteries qui, souffrant, n’y ait pas resté. Il est donc parti et la salle a fermé. Quelques mois plus tard, mon père a été sollicité par M. Colin, conseiller municipal, qui lui a demandé de rouvrir pour le quartier, alors dynamique, la salle qui s’appelait alors le Cinéma des Familles. Mon père, Edouard a réouvert cette salle sous l’enseigne « Cinéma Moderne » en 1928. On y passait du muet avec pianiste, violoncelliste et violoniste. J’avais alors 14 ans et j’accompagnais alors mes parents dans leur commerce cinématographique qui leur prenait de plus en plus de temps. »Pendant l’entre-deux guerres, le nombre des cinémas explose dans les deux départements. L’Audomarois est alors à l’image de notre région. Saint Omer possède trois écrans à la veille de la seconde guerre mondiale : le Rex rue d’Arras, le Familia, rue Gambetta et le Gaumont, boulevard de Strasbourg.

Commentaires

  1. jE SUIS LA PETITE FILLE DE LOUIS DEPELCHIN, associé de Louis PENNEQUIN, EXPLOITANTS DU CINEMA GAUMONT DE ST OMER. VOUS VOUDREZ BIEN RECTIFIER L'ORTHOGRAPHE DU NOM, SOIT DEPELCHIN ET NON DEPLECHIN. L'INVERSION EST COURANTE.
    Merci.

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  2. Bonjour, je viens de corriger le texte. J'espère que je n'ai pas oublié un "depelchin", mais je crois qu'il n'y en avait qu'un dans ce texte, mais je compte en publier d'autrs sur le cinéma Gaumont de Saint-Omer. Petite fille de Louis Depelchin, avez-vous justement des photos, des documents, des renseignements sur votre grand-père qui pourraient m'aider dans mes recherches. Merci de laisser un message, ou de m'envoyer un mail. D'avance merci !!!

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