Kinepolis de Lomme

Le 4 septembre 1996, c’est l’inauguration du méga-complexe Kinépolis-le château du cinéma- de Lomme de 23 salles. Situé à l'ouest de la métropole lilloise, Lomme est la première ville de la région à accueillir un nouveau type de salles de cinéma : le méga-complexe dont l’ambition est d’attirer et de drainer toute la clientèle potentielle de Lille-Roubaix-Tourcoing et d’associer le cinéma dans un parc de loisirs où se mêlent, outre le cinéma, un bowling, des restaurants, brasseries, discothèques, dans un site vaste et accessible à la fois par les transports en commun et par l’autoroute. Ce nouveau type de cinéma est lancé par la multinationale Kinépolis du groupe belge Bert – Clayes et dirigé par Joost Bert, fils du fondateur Albert Bert, originaire de Courtrai. L’origine du groupe remonte à la génération précédente, au père d’Albert. En effet, il possède à Harelbeke, un grand café, l’hôtel des Flandres dont il a transformé la salle de bals en cinéma en 1927. Agé de 10 ans, Albert aide déjà son père au travail, en compagnie de son cousin Marcel, aujourd’hui installé dans l’Aisne. A la fin des années 60, Albert Bert reprend le cinéma paternel. Alors que les spectateurs désertent les salles obscures, attirés par le petit écran, il fait le pari risqué d’investir dans le cinéma en insistant sur la modernisation et le confort : multiplier les salles, accroitre le confort : faire venir le spectateur et surtout le faire revenir ! Le projet d’Albert Bert est de rapprocher le cinéma à de la consommation courante et ses salles deviennent de gigantesques entrepôts qui ressemblent dorénavant à des centres commerciaux. Albert bâti son empire avec sa belle sœur, Rose Claeys-Vereecke, fondant ainsi le groupe Bert - Clayes. Apparaissent ainsi en Belgique les salles Trioscoop à Hasselt, Pentascoop à Courtrai, Decascoop à Gand, et enfin, en 1988, le premier Kinepolis à Bruxelles avec 23 salles et 7.500 fauteuils. La réussite est totale et le modèle développé par Albert Bert s’exporte et touche la France avec une première implantation en mars 1995 à Metz. Les cinémas d’Albert Bert raflent tout et menacent les cinémas de centre-ville dont les chiffres de fréquentation baissent fortement. Après Metz, ce sera donc Lomme dans la banlieue lilloise avec le Château du Cinéma qui va longtemps rester en tête en terme de fréquentation avec plus de 2.500.000 entrée par an avant d’être devancé par deux complexes parisiens. Le vaste cinéma Kinepolis est construit derrière le château d' Isenghien, essayant ainsi d'insérer un château du XVIIIème à l'architecture mercantile de bâtiments commerciaux de la fin du XXème siècle. L'ancienne bâtisse se retrouve ainsi noyée entre les fast-foods, le complexe-hangar du cinéma et le parking central, base essentielle su succès du Kinepolis. Celui-ci se veut être le fer de lance de l'exploitation régionale, tentant de drainer les spectateurs à plus de 50 kilomètres à la ronde, bouleversant ainsi le paysage de l'exploitation cinématographique sur la métropole, et entrainant en quelques mois des fermetures de salles symboles de l'exploitation de centre-ville : le Rex d'Armentières par exemple ou le Gaumont, rue de Béthune à Lille. De plus, le Kinepolis accueille régulièrement des acteurs, des équipes de films en promotion pour des tournées provinciales. Parfois, ce sont même des vedettes hollywoodiennes qui sont de passage dans La Mecque du cinéma de la métropole. Albert Bert est décédé le 22 mai 2002 et c'est naturellement son fils Joost Bert, alors âgé de quarante-six ans, qui prend la succession du groupe. A la mi-septembre 2006, les deux familles dirigeantes du groupe se séparent à l'amiable et seule la famille Bert, avec Joost à sa tête, prend en main la destinée de Kinepolis.
Historique du château d'Isenghien avec des photos avant l'arrivée du Kinépolis. Aujourd'hui, le paysage a bien changé : autoroutes, bretelles et voies rapides, parkings géants, grandes surfaces, autour du château : http://home.nordnet.fr/~jpcatteau/LommeBg/Isenghien.htm
Site internet du kinepolis de Lomme : http://www.kinepolis.com/fr/index.cfm?cid=KLOM&PageID=461
Article de 1996 issu du journal Liberation sur l'ouverture du Kinépolis : http://www.liberation.fr/culture/0101192760-un-chateau-du-cinema-pour-lomme-ouverture-dans-l-agglomeration-lilloise-d-un-complexe-de-23-salles
Ce soir, je suis déçu de mon feuilleton préféré sur les vraies salles de cinéma
RépondreSupprimerJ'aurai préférer lire des informations sur le Cinévog, L'Etoile, l’Olympia ou le cinéma des Cheminots de Lomme, je m'attendais à tout mais lire un article sur Kinépolis… (après réflexion, j’ai volontairement censuré mon commentaire).
Enfin, il faut bien l'admettre, il fait partie de l'histoire...
Bonjour,
RépondreSupprimerEffectivement, le Kinepolis, mais aussi dans un sens plus large l'arrivée du multiplexe dans les années 90, fait parti intégrante de l'histoire de l'histoire de l'exploitation du cinéma. Il est donc légitime de l'évoquer sur un blog dont l'objet est de traiter l'histoire du cinéma dans la région. Essayant de varier au maximum mes articles, j'ai remarqué que je mentionnais très peu de cinéma encore en activité. Aussi, j'ai voulu d'entrer faire un article sur le plus emblématique des multiplexes, accusé d'avoir bouleversé le cinéma sur la métropole lilloise et d'avoir entrainé la fermeture de salles. Certes, je n'adhère pas à la philosophie mercantiliste du multiplexe Kinepolis qui place le cinéma au simple rang d'objet de consommation, faisant de la salle un avatar de la grande surface, et essayant de pousser le spectateur à consommer sa dose de sucreries, mais ce type de cinéma existe, et je me dois d'en consacrer un article, comme il y aura également prochainement des articles sur l'AMC de Dunkerque, le Gaumont de Coquelles, ou des multiplexes de centre-ville comme le O'Ciné de Saint-Omer ou le Duplexe de Roubaix, qui, pour ces deux derniers, répondent tout de même à une autre logique commerciale, cherchant à laisser le cinéma en centre-ville, poussant le spectateur à découvrir d'autres films et dont les exploitants sont de réels passionnés de cinéma, cherchant, dans des conditions optimales, à montrer aux spectateurs ce qu'est le plaisir du film projeté.
Bonjour,
RépondreSupprimerPour ma part, je ne suis pas choqué de voir le Kinepolis sur ce blog. Son ouverture a surtout accélérer la fermeture de certaines salles qui hélas, étaient dans un pauvre état. Il est regrettable que certaines municipalités n'ont pas pu redonner une chance à ces cinémas; (comme cela se pratique beaucoup en banlieue parisienne). Si je prends un énorme plaisir à aller dans des salles typiques, le confort d'assise, de visibilité, de son, ... sont excellents au Kinepolis. Il est vrai cependant que ces salles ne sont pas très "humaines". Il ne faut pas oublier, que le cinéma étant en partie une industrie, Le kinepolis d'aujourd'hui sera peut être l'Appolo ou le Rex de demain !.
Amicalement,
Ramoc